Mes lectures criminalité-policières

Voici deux livres qui m'ont particulièrement touché et pris d'intrérêt, comme beaucoup d'autres personnes vu leur succès, sur des sujets de criminalité en Italie et au japon respectivement. Si vous ne les connaissez pas j'espère vous les faire découvrir et qu'ils ne quiteront plus vos mains commme ils n'ont plius quitté les miennes. Sur ce, je vous souhaite une bonne découverte.


Gomorra, de Roberto Saviano


Naples et la Campanie sont dominés par la criminalité organisée - la camorra - sur fond de guerre entre clans rivaux et de trafics en tout genre : contrefaçon, armes, drogues et déchets toxiques. C'est ainsi que le Système, comme le désignent ses affiliés, accroît ses profits, conforte sa toute-puissance et se pose en avant-garde criminelle de l'économie mondialisée. Roberto Saviano, au péril de sa vie, a choisi l'écriture pour mener son combat contre la camorra. Il met au jour les structures économiques et territoriales de cette mafia surpuissante.

Publié en 2006, Gomorra a connu un succès phénoménal avec plus de dix millions d'exemplaires vendus dans le monde. Depuis sa parution, Roberto SAviano vit sous protection policière. Son oeuvre a été portée à l'écran par Matteo Garrone et récompensée par le Grand Prix du Festival de Cannes en 2008.

Gomorra

Extrait :

Les trous que font les Kalachnikov sont parfaits. Les balles pénètrent violemment dans les vitre blindées, les creusent, les entament comme des vers affamés qui y feraient des galeries. Vus de loin, les impacts produisent une impression étrange, comme des dizaines de petites bulles qui se seraient formées au coeur du verrre, parmi les diverses couches de blindage. Après une rafale de Kalachnikov, aucun commerçant ou presque ne change sa vitrine. Certains remplissent les trous avec de la pâte de silicone, d'autres avec du ruban adhésif noir, mais pour la plupart ils ne font rien. La vitrine blindée d'un magasin peut coûter jusqu'à cinq mille euros, autant garder ces sinitres décorations. Qui peuvent même attirer les clients, les curieux qui s'arrêtent et demandent ce qui s'est passé, commencent à discuter avec le propriétaire de la boutique et repartent avec quelque chose qu'ils n'avaient pas prévu d'acheter. au lieu de remplacer les vitres blindées, on attend qu'une prochaine rafale les brise définitivement. À ce moment-là les assurances paieront, ils suffit de venir tôt le matin et de faire disparaître la marchandise pour que l'agression soit considérée comme un vol.

Tirer sur les vitrines n'est pas forcément un geste d'intimidation ou un message que délivrent les balles, c'est surtout une nécessité militaire. Quand de nouveaux lots de Kalachnikov arrivent, il faut les essayer, voir si elles fonctionnent, s'assurer que le canon est bien en place, que le chargeur ne s'enraie pas, se faire la main. Les hommes des clans pourraient le faire dans la campagne, tirer sur les vitres de vieilles voitures blindées, achter des plaques de métal à mitrailler en toute tranquilité, mais ils ne font rien de tel. Ils tirent sur les vitrines des magasins, sur les portes blindées, sur les rideaux métalliques : une façon de rappeler qu'il n'y a rien qui ne puisse leur appartenir, qu'au fond tout n'est qu'une concession momentanée, qu'ils délèguent une pertie de l'activité économique qu'eux seuls contrôlent réellement. Une concession, rien d'autre qu'une concession qui peut être annnulée à tout instant. Mais il y a aussi un avantage indirect : les vitriers du coin qui pratiquent les meilleurs prix sont tous liés aux clans, de sorte que plus il y a de vitrines brisées, plus les vitriers y gagnent.

La nuit précédente, une trentaine de Kalachnikov étaient arrivées, en provenance de l'Est. De Macédoine. De Skopje à Gricignano d'Aversa, un voyage rapide, tranquille, à l'issue duquel les garages de la camorra s'étaient remplis de mitraillettes et de fusils à pompe. Aussitôt après la disparition du rideau de fer, la camorra rencontrz les dirigeants des partis communistes en pleine débâcle. À la table des négociations, elle représentait le monde occidental, puissant, compétent et silencieux. Les clans n'ignoraient pas que ces pays connaissaient une grave crise économique et ils achetèrent sans formalités en Roumanie, en Pologne, en ex-Yougoslavie des dépôts d'armes entiers, payant pendant des années gardes, plantons et officiers chargés de la protection des ressources militaires. En gros, une partie de la défense nationale de ces pays est gérée par les clans : la meilleure façon de cacher des armes n'est-elle pas de les laisser dans les arsenaux ? Ainsi, année après année, malgré le renouvellement des dirigeants, les règlements de comptes internes et les moments difficiles, les parrains ont toujours eu recours non pas au marché noir des armes, mais aux dépôts militaires des pays de l'Est qui sont à leur entière disposition. Cette fois-là, ils avaient entassé les mitraillettes dans des camions arborant le sigle de l'O.T.A.N. Des véhicules volés dans les garages de bases américaines qui, grâce aux quatre lettres peintes sur leurs flancs, pouvaient se promener tranquillement dans tout le pays.


Tokyo Vice, de Jake Adelstein


Quand Jake Adelstein intègre en 1993 le service Police-Justice du plus grand quotidien japonais, le Yomiuri Shinbun, il n'a que 24 ans et il est loin de maîtriser les codes de ce pays bien différent de son Missouri natal. À Tokyo, il couvre en étroite collaboration avec la police les affaires liées à la prostitution et au crime organisé. Pour cela, il n'hésite pas à s'enfoncer dans les quartiers rouges de la capitale, dans les entrailles du vice et de la décadence. Approché par les yakuzas, il devient leur interlocuteur favori tout en restant un informateur précieux pour la police. Une position dangereuse, inédite et ambivalente, aux frontières du crime, qui incite Jake Adelstein à entrer dans un jeu dont il ne maîtrise pas les règles.

A mi-chemin entre le polar mafieux et l'enquête journalistique, Tokyo Vice est aussi le roman initiatique d'un jeune journaliste américain à Tokyo qui nous livre, avec beaucoup d'humour, un témoignage nerveux sur l'envers de la société nippone.

Tokyo Vice

Extrait :

- Parce que la plupart des Japonais ne tiennent que deux minutes. Peut-être parce que la grande gaijin qui est en face d'eux les rend fous. Va savoir. Ils t'enfilent et ont terminé avant même que tu ne t'en sois rendue compte. Ceux qui sont insupportables, ce sont les bavards. Comme ce mec qui bosse à NHK. Il ne veut pas simplement que l'on s'y mette. J'aimerais mieux pourtant parce que je me retrouve à devoir faire l'infirmière, la psychiatre et la prof d'anglais. La seule chose à laquelle je pense pendant qu'il me parle c'est : "Mais merde, passons aux choses sérieuses pour qu'on en finisse et que je te foute dehors". Parfois, je n'ai pas la patience d'écouter et je me contente de leur ouvrir la braguette et de les sucer. La plupart des mecs se la ferment quand tu leur suces la bite. Toi aussi j'imagine, et pourtant tu ne la boucles jamais."

Cela me fait rire. "Tu as raison. En terme de paie à la minute, mon boulot ne peut pas rivaliser avec le tien. Mais est-ce que ça ne te déprime pas un peu ?

- C'est là que la cocaïne entre en scène. Je tire sur une ligne et me voilà prête à tirer un coup."

Cela ne me fit pas rire, cette fois.

"Nom de Dieu, Helena, tu es trop maligne pour faire ce genre de conneries. C'est quoi ton problème ?"

Elle haussa les épaules, pencha la tête en avant et battit des cils.

"Disons que ça rend le sexe tellement plus excitant. Et c'est tellement emmerdant d'avoir un boulot régulier. Il faut un truc qui me permette de faire passer la journée. Et la nuit parfois.

- Est-ce que tu as envie de finir raide morte comme ces pauvres mecs de l'année dernière ? Tu te souviens d'eux, les mecs qui croyaient qu'ils étaient en train de se taper de la coke et qui sont morts d'une overdose d'héroïne. Tu pourrais te tuer avec cette merde, tu comprends ça ?

- Je sais, je sais, je lis tes articles traduits que tu m'envoies."